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Vie de l'association Lettre n°26 |
Par arrêté du 3 mai 1995 un agrément avait été accordé à l'AILF pour trois ans «afin de se porter partie civile devant les tribunaux dans certains litiges concernant l'information du consommateur (articles 2, 3 et 4), les colloques internationaux organisés en France (article 6), les publications, revues et communications diffusées en France par les services publics (article 7), les offres d'emploi (article 10)». [Rapport au Parlement 1997, p.22]
Le conseil de l'AILF a demandé le renouvellement de cet agrément afin d'avoir la crédibilité nécessaire pour mener des actions de fond qui demandent du temps et qui sont peu médiatiques.
Une lettre de Madame Anne Magnant, déléguée générale à la langue française, datée du 22 juin 1998, nous a fait part du non renouvellement de notre agrément conformément à l'arrêté du 27 mai 1998 portant renouvellement des agréments des associations. [Journal officiel du 5 juin 1998]
Le refus est motivé sur trois points :
Nous prenons acte de cette décision tout en regrettant qu'il n'a pas été jugé bon de retenir la seule association du domaine des TIC qui avait été précédemment retenue. Nous restons convaincu qu'il reste encore beaucoup à faire dans ce secteur d'activité pour le respect de la langue et la mise en uvre du plurilinguisme.
Nous continuerons donc le travail engagé dans les groupes de travail, tout en recherchant comme prévu les compétences complémentaires nécessaires à notre action au sein du mouvement associatif.
Karl Crochart
Voici les principaux échanges de la table ronde qui s'est tenue le 26 juin 1998 à la DGLF en présence de son représentant. Deux nouvelles associations de consommateurs étaient présentes et l'association des utilisateurs de logiciels libres.
Plurilinguisme, traduction, commerce, présence du français
Peu de gens travailleraient sur le respect de la langue au sein des associations de consommateurs, de plus elles subissent une réduction de leurs moyens financiers, même de la part de l'État, donc ce sujet n'est pas une priorité pour elles. Pour certaines d'entre elles «le combat est perdu, c'est trop tard». Mais celles présentes estiment qu'il ne faut pas laisser les pays en voie de développement et les pays de l'Est devant le seul choix entre l'anglais et le français, dont on connaît l'issue.
La qualité des traductions réalisées avec le logiciel Systran à la Communauté européenne est jugée inadmissible pour les informations et documents émis à Bruxelles. Il est signalé que l'expression en langue anglaise prévaut et que très souvent la traduction simultanée en français n'est pas réalisée par des francophones.
Les notices techniques sont, suite à de nombreuses demandes, correctement traduites mais la teneur de leur contenu est faible et imprécise. Parfois les Français ont été soutenus par certains anglophones, par exemple les Irlandais, pour que les travaux ne soient pas réalisés uniquement en anglais.
La Commission européenne à Bruxelles, la DG 24, a un rôle important car elle finance à 90% l'ANEC (association de normalisation européenne de la consommation).
Le commerce électronique et la mise en uvre de moyens de paiement, font craindre les problèmes que poseraient la non compréhension des contrats rédigés dans une autre langue que la langue maternelle du consommateur. Rien ne justifie que les termes du contrat ne soient pas rédigés en français. Dans ce cadre la traduction du français vers l'anglais sur internet doit aussi être prise en compte.
Il semble que la DGCCRF dispose de faibles moyens pour observer systématiquement ce qui se passe sur internet dans le but de découvrir les arnaques et les procédures illicites.
Par conséquent un important travail doit être fait et en particulier un travail de communication et de pédagogie envers la population.
«Quel recours a-t-on devant un tribunal du Massachusetts ou du Nord-Dakota ?»
«La vie quotidienne deviendra difficile si on ne pratique pas plusieurs langues !»
Logiciels libres, domination de Microsoft
Un logiciel libre est un logiciel qui est fourni avec le programme exécutable et le code source afin de permettre sa maîtrise par les professionnels qui l'utilisent. Ce modèle est radicalement différent du principe de développement et du marketing qui est mis en uvre par les éditeurs de logiciels.
La situation quasi-monopolistique de Microsoft, en particulier dans le domaine bureautique avec Word et le système d'exploitation, est évoquée.
Par exemple, le fait que le format de données de Word n'est pas public met tous les utilisateurs à la merci des changements de version décidés par Microsoft tous les deux à trois ans. C'est pourquoi les utilisateurs de logiciels libres plaident pour l'emploi de «standards ouverts».
L'achat forcé de la licence Windows lors de l'acquisition d'un PC a été également dénoncé.
Aux États-Unis la SPA (Software Publisher Association) dénonce la stratégie monopolistique de Microsoft. La Communauté européenne considère que le procès contre Microsoft ne concerne que les États-Unis. D'ailleurs elle communique exclusivement avec Word.
Les principes de l'IETF sont évoqués, ses recommandations sont respectées dans le monde internet et sont fondées sur des protocoles d'échanges obtenus par consensus par des acteurs au niveau mondial (INRIA en France, MIT aux États-Unis, ).
La nécessité des formats d'échange universels est affirmée, ils devraient être imposer aux concepteurs. Est alors posé le problème de ce qu'il faut apprendre aux étudiants en informatique dans le contexte actuel.
Force est de constater la situation de vente forcée contre laquelle la grande distribution n'agit pas et la difficulté de trouver des relais pour la remettre en question. Seuls les assembleurs de matériels pourraient vendre des PC sans Windows.
Les utilisateurs de logiciels libres plaident pour l'installation d'un double amorçage sur chaque micro-ordinateur qui permettrait de choisir entre Windows et Linux qui est un logiciel libre. Ceci est présenté comme intéressant pour les étudiants et les professionnels, qui peuvent ainsi apprendre Unix et étudier le code source. En plus du caractère pédagogique, cela crée une émulation pour produire du code source de qualité puisqu'il est soumis au jugement de tous.
Pour ces créateurs la convivialité de Linux serait comparable à celle de Windows, mais à ce jour le paramétrage nécessite des compétences techniques.
Linux s'installe sur des machines vieilles de trois à quatre ans et de moindre puissance, ce qui est important sur le plan financier pour un acheteur et pour envisager une diffusion de masse dans les foyers.
L'AUPELF installe Linux en Afrique et dans les pays de l'Est.
Souhaits des consommateurs
Le consommateur considérerait trois choses pour effectuer son achat :
Certaines que la démocratisation de l'informatique nécessite l'emploi du français, et que dans l'Union il faut des traductions dans la langue du pays qui acquière les matériels et les logiciels, les associations de consommateurs voient de l'intérêt à fournir les codes sources afin d'effectuer la localisation nécessaire. Car le coût important pour l'éditeur ne doit être ignoré.
La crainte d'une informatique à deux vitesses est exprimée entre ceux qui auraient les moyens de suivre les innovations vraies ou fictives imposées par Microsoft ou d'autres, et ceux qui ne pourraient le faire.
Linux et le français
Quatre sociétés en France travaillent sur l'intégration et la mise sur CD-Rom de Linux et de sa documentation. Le «Linux Documentation Project» (LDP) est réalisé par des bénévoles et traduit dans différentes langues. Le fait de disposer du code source, comme l'impose la charte de Linux, permet de faciliter la traduction par ceux qui le veulent. Actuellement, une faible partie existe en français parmi les centaines de logiciels fournis avec Linux. Pourtant leur mode de diffusion facilite la localisation des logiciels Linux.
Le principe même de Linux introduit de l'intelligence collective et de l'innovation par le phénomène de contribution qui est inclus à la licence d'utilisation, la problématique de la langue se trouve renouvelée par cette nouvelle approche.
Actions envisageables, acteurs identifiés
Il convient de rechercher des relais pour éviter les ventes forcées. Les acteurs sont : la DGCCRF, la DG 24 et le CEN.
Il convient de favoriser la diffusion du code source pour faciliter la localisation.
Il est dans le rôle de la Commission européenne DG 24 d'impulser la création de normes au CEN.
Il convient d'éviter les produits fermés aux utilisateurs, notion de boîtes noires.
Il convient d'imposer l'usage des normes et des formats publics dans les appels d'offres.
Il convient de favoriser un multi-amorçage sur les micro-ordinateurs à l'encontre du principe de pré-installation du système d'exploitation qui prévaut.
Il convient d'évaluer la validité de la licence de Linux par rapport au droit français et européen.
Il convient de se référer au rapport Lorentz sur le commerce électronique.
Des acteurs privilégiés sont identifiés à : la DGCCRF et sa force de coercition, l'AFNOR et son action pour le plurilinguisme, l'AUPELF et son réseau francophone.
Yvon Rastetter
Un guide, destiné à tous les Français ayant des relations avec les institutions de l'Union européenne, est disponible sous forme papier et sous forme électronique (cf. rubrique sites internet), il fournit les éléments d'information et les règles juridiques à connaître, un vade-mecum en 10 points a été rédigé.
Usage du français dans les institutions de l'Union
Le régime linguistique de l'Union européenne est précisé selon les principes généraux en vigueur.
Le principe d'égalité des langues est posé dans le règlement n°1 du 15 avril 1958 portant fixation du régime linguistique de la Communauté européenne qui est amendé dans le cadre des traités d'adhésion, art. premier : «les langues officielles et les langues de travail des institutions de l'Union sont l'allemand, l'anglais, le danois, l'espagnol, le finnois, le français, le grec, l'italien, le néerlandais, le portugais et le suédois».
Tout Français a le droit d'employer sa langue dans l'ensemble de ses relations écrites et orales avec l'Union, et le devoir de faire respecter son statut de langue officielle et de travail. Les agents publics doivent avoir un rôle d'exemplarité en ce domaine.
Des règles pratiques sont énoncées pour guider et asseoir dans la légalité le comportement de tous les Français (élus, experts, agents et fonctionnaires de l'État, responsables d'entreprises et d'organismes socioprofessionnels) dans différentes situations comme :
Annie Marcheix
la codification des caractères sur 4 octets : enjeux culturels, sociaux et technologiques
La norme de représentation des caractères à 8 bits, improprement appelée ASCII, est devenue trop étroite pour faire fonctionner harmonieusement (et surtout simultanément) toutes les écritures du monde, notamment sur internet.
Pour l'ingénieur en informatique, le paradigme de base est l'ASCII, norme à 7 bits qui définit les caractères de l'alphabet latin non accentué.
Pour un anglophone l'écriture devient déjà exotique en français, en espagnol ou en allemand. Cela s'aggrave en tchèque ou en turc.
En quittant l'alphabet latin pour le cyrillique, le grec, l'hébreu, l'arabe, et les alphabets d'origine indienne (cambodgien et loatien dans l'espace francophone), il devient plus difficile encore, de fonctionner dans un environnement informatique banalisé.
Les Japonais, les Chinois, les Coréens dont les langues sont entièrement ou partiellement idéographiques ont dû mettre en uvre des solutions beaucoup plus sophistiquées fondées sur une informatique à 16 bits (au lieu de 8 bits) ce qui avait pour conséquence d'ouvrir une nouvelle offre informatique omniscripturale.
Ce problème est maintenant pris en compte au niveau mondial par les industriels (standard UNICODE, représentation des caractères sur 16 bits), normalisés aujourd'hui sous le nom de BMP (Basic Multilingual Plane) dans le cadre plus vaste (32 bits) de la norme ISO/IEC10646 (représentation universelle des caractères sur 4 octets soit 32 bits).
On comprendra facilement de quoi il s'agit en assimilant, l'ASCII (plus proprement la norme ISO/IEC8859.1, connue sous le nom de ISO Latin.1), à une casse d'imprimeur virtuelle pouvant contenir théoriquement 256 caractères (en réalité deux fois moins pour des raisons de contrôle informatique). Cette casse virtuelle capable de gérer l'information alphanumérique est en passe d'évoluer de 256 codes de caractères potentiels (situation actuelle incompatible avec la circulation multilingue mondiale), à 65000 codes de caractères potentiels (représentation des caractères sur 16 bits UNICODE=BMP).
La mise en place de cette nouvelle «casse UNICODE», n'est pas sans poser de nombreux problèmes industriels, scientifiques, culturels, tous lourdement liés à des enjeux linguistiques planétaires. Les experts francophones ne peuvent être absents des choix qui président à la refonte du code de base de la future informatique. Ils doivent défendre ce qui fait la spécificité du français mais aussi de toutes ses langues partenaires.
Mais malgré sa dimension, sans commune mesure avec le code à 8 bits d'aujourd'hui, 65000 codes de caractères ne peuvent contenir tous les caractères de toutes les langues du monde et encore moins les langues anciennes et d'autres codes d'écriture chorégraphiques, musicaux, etc. Cette représentation des caractères a donc été normalisée pour évoluer au-delà et devenir un code à 32 bits (une casse virtuelle de plus de 2 milliards de codes potentiels, découpée en 128 groupes, contenant chacun 256 plans de codage équivalants au BMP).
Ces questions souvent opaques à l'honnête homme et même quelquefois aux informaticiens, sont primordiales pour l'avenir de nos réseaux et notre industrie linguistique francophone face à la diversité de ses langues partenaires.
Il s'agit d'une révolution qui va redéployer les fondements de l'informatique alphanumérique sur la totalité des écritures du monde, l'écriture musicale, les formules mathématiques, les logos, les copyright et bien d'autres usages.
La communication planétaire translinguistique sera d'abord transcripturale : c'est un enjeu technique, scientifique et culturel dans lequel la francophonie doit s'engager.
Face à cette révolution copernicienne inéluctable du codage informatique (passer d'un code court à un code très vaste), la réflexion francophone est encore embryonnaire. L'enjeu de notre groupe de recherche et d'initiatives est d'établir une veille permanente sur ce sujet et d'être à même que la francophonie soit porteuse de propositions sur ce sujet.
Henri Hudrisier, maître de conférences, département documentation, université de Paris 8
Expertises des systèmes d'information
n°216, juin 1998
n°217, juillet 1998
La lettre d'information du Ministère
de la Culture
n°30, 3 juin 1998
n°31, 17 juin 1998
n°32, 1er juillet 1998
La lettre de l'ADELI
n°31, avril 1998
La gazette de l'UIJPLF
n°84, mars-avril 1998
Numero especial 1998 : Terminologia no Brasil. Union Latine
Parlements et francophonie : numéro
spécial XXIIIe session ordinaire de l'AIPLF Luxembourg 1997
n°105, 2e semestre 1997
Terminal
n°75, hiver 1997 - printemps 1998
Rapport d'activité de la DGLF 1997
Rapport annuel commission générale de terminologie et néologie 1997
Rapport d'étape sur le commerce électronique : l'offre commerciale et la protection du consommateur. Conseil national de la consommation
Rapport d'étape sur l'offre d'accès à Internet. Conseil national de la consommation
Vous pouvez obtenir ces revues en vous adressant à Annie Marcheix.
Expertises des systèmes
d'information, n°216
Langue française et internet : l'exigence d'une procédure
spécifique confirmée en appel. [Affaire Georgia Tech]
Ligue des droits de l'homme : 20 ans d'informatique dans le
centenaire.
Les technologies de l'information et de la communication :
boulimie de données personnelles, par Monique Linglet.
Expertises des systèmes
d'information, n°217
Passage à l'an 2000, la mission Théry préconise un label de
garantie apposé sur le matériel.
Publicité et marketing sur internet la C.C.I. opte pour la loi
du pays d'origine du message.
Proposition de directive européenne : reconnaissance juridique
de la signature électronique.
«Quelle liberté pour le numérique ?» anomymat et cryptologie
remparts contre les dérives, par Sylvie Rozenfeld.
Lettre d'information du ministère
de la culture, n°32
Les pratiques culturelles des Français enquête 1997,
Documentation française.
La Lettre de l'ADELI, n°31
L'anniversaire des 20 ans de l'ADELI le samedi 26 septembre 1998.
Un modèle unique pour construire les SI : un modèle unique, le
modèle OOE, pour la conception des SI de l'étape conceptuelle
à l'étape de programmation, par Odile Foucaut et Odile Thiéry.
Réponse du RSU au modèle OOE : événements et opérations dans
le Réseau Sémantique Universel, par Jean-Luc Blary.
La Gazette, n°84
Commençons par défendre le français en France, par Alain
Finkielkraut [le pragmatisme et l'utilitarisme du langage des
affaires détruiraient notre langue]
Terminal, n°75
Internet et démocratie, Internet l'informatique à l'école,
l'industrie du logiciel : ébauche d'une approche prospective.
Le Monde, mercredi 15 juillet 1998
Des associations redoutent un fichage informatisé des
populations en difficulté, par Jérôme Fenoglio. [Suites de
l'action que nous menons sur le progiciel ANIS dans le domaine
social].
Annie Marcheix
6ème rencontres de calligraphie,
19-22 août 1998
Conférences, démonstrations, ateliers d'initiation,
expositions, organisés par les Rencontres internationales de
Lure à Lurs-en-Provence. Thèmes : calligraphie à l'étranger,
calligraphie et correspondance, calligraphie historique
l'écriture gothique, les chemins de traverse de la calligraphie.
Contacts : Jacques Blociszewski, Rencontres internationales de
Lure, 12 bis rue Soyer, 92200 Neuilly-sur-Seine. Tél. : 01 42 55
79 13
Rencontres typo et communication
visuelle, 24-29 août 1998
Conférences, débats, organisés par les Rencontres
internationales de Lure à Lurs-en-Provence. Thème principal :
la publicité, secteur d'activité essentiel pour les métiers
graphiques, et pour internet.
Renseignements, inscriptions : Jean-Paul Martin, 168 rue Ordener,
75018 Paris. Tél./fax : 01 42 55 79 13
Mél. : 106271,335@compuserve.com
Annie Marcheix
Le site de l'AFUL :
http://www.aful.org
Le guide de l'usage du français dans les
institutions européennes
http://www.france.diplomatie.fr/frmonde/fran_euro/index.html
L'article de Mark Fettes «Quelle langue pour
l'Europe ? L'Europe subira-t-elle toujours la malédiction de
Babel ?»
http://perso.wanadoo.fr/enotero/babylone.htm
Le réseau de liens de Paul Treanor «Language
futures Europe» relatif aux politiques linguistiques en Europe,
au multilinguisme, à la domination de l'anglais, aux recherches
en cours, au mouvement monolingue aux États-Unis
http://web.inter.nl.net/users/Paul.Treanor/eulang.html
Le site de Philip Hunt sur «Eurolang», langue
en construction, seconde langue, langue commune des citoyens de
l'Union
http://www.vision25.demon.co.uk/el/intro.htm
Annie Marcheix
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