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 N° 7 - avril 1998
L'action sociale
La CNIL
Les professionnels
La presse
L'éthique
La problématique
Le système de santé
Un document de sensibilisation
L'amendement du projet de loi CMU

Éthique, santé et social

La création de ce groupe a été décidée lors de l’assemblée générale du 7 février 1998 suite à notre participation aux travaux de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris qui en 1997 a élaboré une charte éthique relative au système d’information de son réseau de soins, et aussi, suite à un chantier de réflexion sur " le secteur santé–social dans le maillage des NTIC " organisé avec l’AFCET en 1997 lors des premiers travaux du collectif Informatique, Fichiers et Citoyenneté (IFC).

Au sein de l’AILF, ce groupe de travail n’a jamais réellement pris corps, mais par le biais de son pilote des travaux ont été réalisés. En effet, une étroite collaboration s’est instituée avec le collectif pour les droits des citoyens face à l’informatisation de l’action sociale (ci-après dénommé collectif DCIAS) et la Ligue des Droits de l’Homme (LDH), d’où la constitution d’un intercollectif. Sous l’impulsion des événements, les travaux se sont très vite structurés autour de deux thèmes : l’informatisation de l’action sociale et du système de santé.
Des actions ont été entreprises en réaction à des projets en cours et, chemin faisant, les problématiques ont été mieux circonscrites.

SommaireL’action sociale

La remise en question du niveau de protection de la vie privée assuré par la loi " Informatique et Libertés " a rendu nécessaire d’observer l’informatisation de l’action sociale au niveau des départements et des régions. Les actions entreprises par l’intercollectif avaient comme objectif de contrer des mises en œuvre attentatoires aux droits et libertés des personnes et de sensibiliser différents acteurs.

Dans un département le Conseil général a en charge l’aide sociale : l’aide sociale générale (aide médicale, aide sociale aux personnes handicapées, aide sociale aux personnes âgées, aide sociale en matière de logement, d’hébergement et de réadaptation sociale), et l’aide sociale à l’enfance (protection maternelle et infantile, service de santé scolaire, enfance inadaptée, abandon d’enfants, adoption et le placement). Par exemple, pour le département de l’Ain, il s’agissait de disposer d’un outil de " pilotage anonyme sur des territoires " c’est-à-dire à partir de statistiques relatives aux difficultés des populations d’établir des catégories de problèmes sociaux caractérisant la population d’un territoire donné.

SommaireLa CNIL

L’intercollectif a saisi la Commission Nationale Informatique et Libertés (CNIL) qui avait déjà en 1994 exprimé sa " crainte majeure de voir se développer un fichier global des populations défavorisées et partant une sorte de cartographie de l’exclusion reposant sur la définition de profils individuels et familiaux de précarité " (rapport d’activité 1994).

Des associations et des syndicats de l’intercollectif ont adressé à la CNIL le 22 janvier 1998 une demande de retrait de la délibération n°97-091 du 25 novembre 1997 portant avis sur la demande présentée par le Conseil général de l’Ain et concernant la gestion informatisée de l’aide sociale à l’enfance et de l’action sociale de terrain (ANIS-ASE).

Des codifications à utiliser sur le mode binaire (coché/non coché ou oui/non) avaient été créées pour caractériser le comportement et les mœurs des personnes s’adressant aux services sociaux. Les " difficultés " et les " potentialités " des personnes étaient, par exemple, appréciées ainsi : " difficulté rôle éducatif et parental ", " difficulté intégration sociale ", " accident de la vie privée ", " capacité à établir des liens affectifs ", " capacité à donner des repères éducatifs " ; le caractère subjectif de ces items est incontestable, donc inapproprié à un traitement statistique informatisé. De même pour les " objectifs " à atteindre dans le travail social à engager avec les personnes, par exemple : " améliorer les capacités relationnelles ", " engagement de la personne – prendre conscience de la réalité "… L’étude des délibérations de la CNIL et de la documentation du progiciel ANIS (Approche Nouvelle de l’Information Sociale !) a nourri un argumentaire sur le caractère sensible des typologies utilisées dans l’Ain que l’intercollectif a présenté à la CNIL le 3 mars 1998.

La CNIL a effectué une vérification sur place le 26 juin et le 21 juillet 1998. L’intercollectif a été reçu à la CNIL le 15 septembre 1998 et a demandé notamment " le retrait définitif des typologies sensibles d’ANIS ". La délibération n°98-094 du 13 octobre 1998 invite expressément le département de l’Ain à supprimer les typologies dont l’exploitation à des fins statistiques " … rend la collecte et l’enregistrement d’informations sociales suivant la typologie présentée à la Commission, dépourvues de pertinence au regard de la finalité exclusivement statistique du traitement et excessives au regard des droits et libertés des personnes concernées… "
http:// www.cnil.fr/actu/communic/actu8.htm

La production de statistiques liée au projet ANAISS géré par la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM) pose des pro-blèmes similaires à ceux d’ANIS, le collectif DCIAS et l’AILF ont été reçus à la CNIL le 10 novembre 1998. Conformément à la délibération du 13 octobre 1998 sur Anis, nous avons montré les risques que recèlaient les typologies employées, le caractère subjectif des items s’opposant là encore à la pertinence des statistiques élaborées. En outre des problèmes de sécurité et le recours à la télémaintenance hypothéquaient la confidentialité des données sensibles.

Dans le département de la Moselle, la production de statistiques sur l’activité du service d’action sociale a posé de la même façon le problème de la pertinence. Mais le caractère rural de cette zone géographique, à assez faible densité de population, a mis en exergue une autre difficulté, bien que les " fiches famille " ne comportent ni le nom, ni le prénom des personnes, ni leur numéro de sécurité sociale, ces fiches restent indirectement identifiantes. Car le code du professionnel en charge du dossier (code spécifique à la zone géographique où réside la personne), le numéro du dossier, l’année d’ouverture de la fiche (selon la zone géographique où réside la personne), permettent fréquemment de savoir de quelle personne il est question. Après le caractère stigmatisant des items, ce sont les modalités d’anonymisation qui doivent être observées avec prudence et précision pour garantir la vie privée des personnes.

SommaireLes professionnels

Une rencontre avec des travailleurs sociaux de l’Ain a été organisée à Bourg-en-Bresse le 27 mai 1998 de façon à mieux prendre conscience des conditions de l’expérimentation d’ANIS dans ce département, et d’échanger sur la manière d’obtenir le retrait de la délibération du 25 novembre 1997.

Un texte construit autour de sept questions a servi de base de discussion lors d’une journée de travail et de mobilisation pour les professionnels et les usagers des services sociaux et médico-sociaux le 28 novembre 1998 à Paris. En voici les éléments majeurs :

SommaireLa presse

Un premier article de Jérôme Fenoglio a été publié dans le Monde le 15 juillet 1998 " Des associations redoutent un fichage informatisé des populations en difficulté ". Puis différents journaux ont repris l’information en juillet et août.

L’intercollectif a publié le 19 octobre 1998 un communiqué de presse " ANIS dans l’Ain : la CNIL remet en cause le fichage des populations en difficulté " dans lequel nous nous félicitions des principes fondamentaux affirmés par la CNIL dans sa délibération du 13 octobre :

Plusieurs journaux ont repris notre propos.

SommaireL’éthique

L’expérimentation d’ANIS a donné lieu en 1995 à la création d’un Comité interdépartemental d’éthique qui a promu dans son rapport de 1997 huit principes éthiques :

Le collectif CDIAS et l’AILF ont rencontré ce Comité le 16 janvier 1998 pour lui faire part du manque de questionnement sur ce qu’il convenait d’informatiser dans l’action sociale, le travail social et l’information sociale, et, du manque de critique des typologies utilisées dans l’Ain, du recours à une procédure de workflow pour instrumentaliser le travail social, des principes d’habilitations.

Nous suivons l’expérimentation du progiciel ANIS qui débute en Seine-Saint-Denis, un comité de veille éthique sera créé…

SommaireLa problématique

Tel que le sujet a été abordé et traité depuis plus d’un an maintenant il semble que trois points sont problématiques et sont donc à mettre en exergue :

SommaireLe système de santé

L’informatisation du système de santé est à ce jour perçue au travers du projet SESAME-Vitale (transmission des feuilles de soins électroniques (FSE) et carte Vitale de l’assuré social), et de la mise en œuvre du réseau santé social (RSS). Le projet de loi portant création de la couverture maladie universelle (CMU) comporte deux dispositions sur ce thème.

SommaireUn document de sensibilisation

L’intercollectif a rédigé un document, daté du 31 mars 1999, intitulé " Informatisation du système de santé : pour préserver la sphère privée des citoyens ", construit en cinq points :

SommaireL’amendement du projet de loi CMU

L’intercollectif a interpellé plusieurs parlementaires et un rapporteur du projet de loi à propos, de l’article 33 sur le contenu du volet de santé de la carte Vitale 2, et de l’article 37 sur les études sur les pratiques et les activités de soins aujourd’hui dans l’hôpital et demain chez le médecin de ville.

Si vous avez de l’intérêt pour ce thème de travail, n’hésitez pas à nous rejoindre !

Annie Marcheix
Tél. : 01 43 58 74 04
Mél. :
marcheix@club-internet.fr

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