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N°
4 - février 1999
Le contexte de
l'informatisation de masse
Plurilinguisme, traduction,
présence du français
Logiciels libres et
domination de Microsoft
Linux et le français
Les acteurs identifiés et
les actions envisageables
Consommateurs et informatique
La loi du 4 août 1994 relative à l'emploi de
la langue française fait l'objet d'un rapport annuel au
Parlement rédigé par la Délégation générale à la langue
française (DGLF). Celui de l'année 1996 portait un jugement
globalement négatif sur l'usage du français dans le domaine
informatique.
Ce jugement a conduit l'AILF à mener une investigation plus
approfondie auprès des associations de consommateurs comme des
professionnels de l'informatique et du multimédia. Nous avons
reçu le soutien de la DGLF.
Il s'agissait de comprendre les problèmes rencontrés sur l'ensemble du processus, de la production à la distribution jusqu'à la consommation de produits dans lesquels l'informatique joue un rôle prépondérant, problèmes liés au respect de la langue.
Deux réunions ont eu lieu lors du premier
semestre de l'année 1998 dans les locaux de la DGLF. Cinq
associations de consommateurs parmi les plus importantes y ont
participé sur les dix-neuf sollicitées. Aucune des associations
représentant les professionnels du domaine informatique sur les
dix-sept sollicitées ne sont venues.
Le phénomène du développement des logiciels libres face à la
position hégémonique de Microsoft nous a conduit à inviter le
président de l'association francophone des utilisateurs de
logiciels libres et de Linux (AFUL).
Des représentants de la DGLF et de la direction générale de la
concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes
(DGCCRF) du ministère des finances ont participé à la
réflexion ainsi que ceux des associations Défense de la langue
française, Droit de comprendre et AFAL.
Le contexte de l'informatisation de masse
La diffusion de la micro-informatique et
d'internet sont deux phénomènes de masse qui ont été au
centre des débats.
En effet, le problème est celui de la nouvelle
" situation historique " qui fait que la
grande masse des consommateurs français, et non plus une
minorité, se trouve confrontée concrètement à une langue
étrangère dans sa vie quotidienne. Ceci est encore plus vrai
avec le phénomène des " bouquets " offerts
par les télévisions numériques quavec internet.
La DGLF a mis laccent sur la situation des démunis et des
exclus dans ce nouveau contexte. La société de consommation
pour se développer en français dans un contexte plurilingue
devra avoir recours aux outils de traduction automatique. La
situation de l'administration à propos de ses sites internet
plurilingues est justement rendue difficile par ses capacités
réduites de traduction.
Les problèmes posés par la vente et le
service après-vente sont très complexes en ce qui concerne les
matériels informatiques et logiciels.
La qualité de service offerte au consommateur eu égard à
l'emploi de la langue française n'est pas uniforme ni homogène
quant à la documentation et aux aides en ligne des logiciels.
Par exemple pour les messages d'erreur, des messages apparaissent
en anglais car ils émanent dune partie du système
dexploitation qui n'a pas fait l'objet d'une traduction,
car la configuration dutilisation est assez rare.
On voit ainsi se dessiner une véritable chaîne des
responsabilités qui va du revendeur ou du distributeur aux
fabricants de matériel et aux éditeurs de logiciel.
La typologie des infractions à la loi du 4
août 1994 et au code de la consommation va ainsi, du cas
simple de la documentation uniquement en anglais, au cas
complexe de lirruption d'un message en anglais dans un
contexte rare dutilisation. La répartition des
interventions et des sanctions par produit publiée par la DGCCRF
ne peut reflèter cette variété de cas.
La situation des revendeurs et des distributeurs est de fait
délicate et ils peuvent être vraisemblablement demandeurs
d'aide. De même pour les éditeurs de logiciels la traduction
représente un coup important.
Il faut surtout tenir compte du comportement du consommateur, car
il a tendance à acheter ce qui est le moins cher. Les critères
de choix du consommateur sont : le prix le plus bas, la
convivialité du système proposé et le fait de ne pas avoir de
paramétrage à faire, l'emploi du français dans les messages et
dans la documentation.
À lopposé le fait d'être confronté à l'anglais peut
être un stimulant pour certains consommateurs, en particulier
pour les jeunes.
Il a été retenu comme tactique à adopter la pédagogie plutôt que la répression. Un débat animé a eu lieu sur ce thème. La pédagogie, tant vis-à-vis des professionnels de la distribution que des consommateurs, est apparue comme préférable, la sanction légale étant invoquée à titre dissuasif et utilisée en dernier recours, à bon escient dans un but d'exemplarité.
Plurilinguisme, traduction, présence du français
Les associations de consommateurs
travaillent peu sur ces sujets en raison de la réduction de
leurs moyens.
À Bruxelles la traduction des informations et des brochures
réalisée avec le logiciel Systran est jugée dune
qualité inadmissible. Or, la Commission européenne et sa DG 24
jouent un rôle important dans ce contexte car elle finance à 90
% l'ANEC, (représentation européenne des consommateurs en
matière denormalisation). Le développement du commerce
électronique posera des problèmes de compréhension des termes
des contrats, il est peu concevable que les termes dun
contrat ne soient pas rédigés en français.
Logiciels libres et domination de Microsoft
La situation quasi monopolistique de Microsoft,
en particulier pour le logiciel Word a été débattue. Le fait
que le format de données de Word n'est pas public met tous les
utilisateurs à la merci des changements de version décidés par
léditeur. C'est pourquoi l'AFUL plaide pour l'utilisation
de standards ouverts et dénonce l'achat forcé de la licence
Windows lors de lachat dun ordinateur PC.
L'AUPELF (Association des universités partiellement ou
totalement de langue française) installe Linux en Afrique et
dans les pays de l'Est.
Le fait de disposer du logiciel source, comme
l'impose la charte de Linux, facilite le travail de traduction.
Quatre sociétés en France travaillent sur l'intégration et la
mise sur CD-ROM de Linux et de sa documentation.
Le " Linux Documentation Project " (LDP) est
réalisé par des bénévoles et traduit dans différentes
langues. Une faible partie existe en français parmi les
centaines de logiciels sont fournis avec Linux. Cependant le fait
de disposer des sources des logiciels facilite la localisation de
ces logiciels, c'est-à-dire leur adaptation aux exigences
linguistique et culturelle de l'utilisateur.
Le principe même de conception de Linux introduit de
l'intelligence collective et de l'innovation par le phénomène
de contribution qui est inclus dans la licence d'utilisation,
ainsi la problématique de la langue se trouve renouveléee par
cette nouvelle approche.
LAFUL pense que Linux contribuera à éviter une
informatique à " deux vitesses " entre ceux
qui auraient les moyens dacheter les nouvelles versions
imposées par Microsoft et ceux qui nauraient pas de tels
moyens.
Les acteurs identifiés et les actions envisageables
Dans ce contexte les acteurs privilégiés sont notamment : la DGCCRF pour sa force de coercition, l'AFNOR pour son action en faveur du plurilinguisme et l'AUPELF par son réseau francophone.
Yvon Rastetter
Tél. : 01 55 25 26 22
Mél. : rasteter@club-internet.fr
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